Affaire DSK Dominique Strauss Kahn innocenté sur 25 pages accablantes

DSK Dominique Strauss Kahn et Anne Sinclair un couple hors du commun. Un couple qui résiste à la pire des tempêtes. Un couple hors du commun dans une affaire hors du commun.

S’il y a bien un domaine difficilement prouvable c’est bien celui de l’agression. Qu’il s’agisse d’une agression sexuelle ou sur toute autre partie du corps. Il est impossible de prouver qu’une blessure provient de tel évènement.

C’est bien pour ça d’ailleurs qu’il est demandé aux victimes de se faire examiner par un médecin le plus vite possible après l’agression. Passé quelques heures, surtout si la victime prend une douche, les traces commencent déjà à disparaitre.

Martine Aubry et plusieurs ténors du PS doivent être suffoqués là. Mais très heureux pour certains d’entre eux.

DSK Dominique Strauss Kahn est le meilleur candidat que le PS ait eu depuis François Mitterand.

Tout est encore possible

Dans un document de 25 pages adressé au juge qui rendra sa décision ce mardi, le procureur Cyrus Vance explique ainsi que Nafissatou Diallo a menti de manière répétée aux enquêteurs. Ces mensonges ont « sérieusement entamé sa crédibilité de témoin dans cette affaire », a précisé le procureur, expliquant qu’elle avait menti « dans presque tous les entretiens avec les procureurs, en dépit des invitations à dire la vérité ».

« Mensonges répétés et accablants »
Les relevés d’ADN ont bien « établi que plusieurs taches situées sur la partie supérieure de l’uniforme de la femme de chambre de la plaignante comportaient du sperme correspondant à l’ADN de l’accusé », a précisé le bureau du procureur Vance. Mais si les éléments matériels prouvent qu’il y a eu « une relation sexuelle hâtive » avec l’ancien patron du FMI, ils ne prouvent pas qu’elle lui a été imposée, explique le rapport.

Le procureur a également expliqué que la plaignante avait menti à plusieurs reprises aux enquêteurs sur son passé et sur ce qui s’était passé tout de suite après les faits présumés. Elle avait également longtemps refusé d’admettre une conversation téléphonique -enregistrée- où elle aurait évoqué, le lendemain de l’agression présumée, avec un ami emprisonné, la fortune de M. Strauss-Kahn.

Dominique Strauss-Kahn reconnaissant
Les avocats de Dominique Strauss-Kahn, qui avait plaidé non coupable le 6 juin, ont fait savoir que leur client était « reconnaissant » de la décision du procureur. « Nous avons dit depuis le début que notre client était innocent », ont-ils déclaré dans un bref communiqué.

JUSTICE – Les différentes versions des faits données par Nafissatou Diallo ainsi que le manque de preuves ont eu raison du dossier…

Journée décisive pour Dominique Strauss-Kahn, ce mardi, lorsque l’ex-directeur du FMI sera fixé sur son sort. Lundi, le procureur Cyrus Vance a demandé l’abandon des poursuites pour tentative de viol contre l’ancien patron du FMI. Dans une lettre de 25 pages adressée au juge Michael Obus, il s’explique (PDF en anglais ici).

Un acte sexuel, mais impossible de prouver qu’il était non consenti

Sperme et ADN. Selon les analyses de la police scientifique, une «tâche» située à «2 ou 3 mètres» de l’entrée de la salle de bain de la chambre 2806 contenait bien du sperme de DSK et de la salive de Diallo. Les experts concluent qu’un acte sexuel «de courte durée» a eu lieu: entre sept et neuf minutes au maximum, au vu de la chronologie révélée par l’utilisation des clés de la chambre et d’un coup de fil passé par l’homme politique à sa fille. En revanche, aucune trace ADN n’a été découverte sous les ongles de la femme de chambre, ni sous ceux de Dominique Strauss-Kahn.

«Rougeur» de la zone vaginale. Un examen médical n’a relevé «aucun traumatisme physique visible sur le corps et la cavité buccale» de Diallo. Un examen gynécologique a constaté une «rougeur» sur ses parties génitales (la jeune femme affirme que Dominique Strauss-Kahn a saisi «la partie extérieure de sa zone vaginale»). Selon l’infirmière, il est toutefois «impossible de conclure» que la rougeur ait été causée par un tel acte, ni même qu’il s’agisse «d’une blessure». Un 2e médecin, spécialiste des agressions sexuelles, précise que la rougeur pourrait simplement être due à «une friction, irritation ou inflammation». Il conclut qu’il est «possible mais peu probable» qu’elle ait été causée par l’acte décrit par Diallo.

Blessure à l’épaule. Enfin, la blessure à l’épaule de Nafissatou Diallo n’est pas non plus concluante. Selon un expert, le déchirement ligamentaire et la tendinite révélée par la suite correspondent davantage à la conséquence «d’un geste répétitif». Selon lui, si la blessure avait été causée par un évènement unique et brutal, Diallo n’aurait «pas signalé un allègement de la douleur après seulement douze heures».

Trois versions des faits et des mensonges à répétition

Parole contre parole. Face à l’absence de preuves concluantes, l’affaire est réduite à la parole de Dominique Strauss-Kahn contre celle de Nafissatou Diallo. Dans un procès, la femme de chambre devrait convaincre de son honnêteté. «Si nous ne pouvons pas la croire au-delà du doute raisonnable, nous ne pouvons pas demander à un jury de le faire», écrivent les procureurs.

Versions changeantes des faits. Principal problème aux yeux du parquet: les trois versions différentes que Nafissatou Diallo a données au sujet de ses faits et gestes immédiatement après sa rencontre avec Dominique Strauss-Kahn. Dans une première version, effectuée sous serment devant un grand jury, elle dit s’être enfuie en courant dans le hall du 28e étage de l’hôtel, où elle aurait été découverte apeurée et recroquevillée par ses supérieurs. Dans une deuxième version, elle a déclaré aux procureurs s’être rendue dans une autre chambre pour reprendre son travail et qu’elle aurait rencontré son supérieur par hasard. Dans une troisième version, elle dit s’être rendue très brièvement dans une autre chambre pour y récupérer des affaires. «Ces versions changeantes font qu’il est difficile d’établir ce qui s’est réellement passé au moment critique» lorsque l’incident s’est produit, écrivent les procureurs.

Un viol passé inventé. Le parquet exprime enfin sa méfiance à l’égard de l’accusatrice. Ils évoquent notamment une déposition au cours de laquelle Nafissatou Diallo, en pleurs, leur a parlé d’un viol collectif qu’elle aurait subi en Guinée, ce qui s’est avéré ensuite être un mensonge inventé pour bénéficier du droit d’asile. «Que cela ait été raconté aux procureurs en tant que mensonge délibéré et de manière entièrement convaincante –similaire à la façon dont elle a raconté la rencontre avec l’accusé– est aussi hautement significatif», écrivent-ils. «Mais le plus significatif réside dans sa capacité à présenter cette fiction comme un fait avec une conviction totale.»

Le témoignage de Tristane Banon sans doute pas admissible

Jurisprudence. C’était l’un des vatouts de l’avocat de Nafissatou Diallo: le témoignage de Tristane Banon, qui accuse également Dominique Strauss-Kahn de tentative de viol. Mais selon le parquet, qui se réfère à un autre cas similaire, il est «peu probable» qu’un témoignage concernant «une attaque présumée» soit admissible dans un procès.