Sédir: le chemin du miracle, la voie, par quel miracle

LE CHEMIN DU MIRACLE

Si quelqu’un veut s’engager sur le chemin du miracle, il faut qu’il se recueille. Plus le but est haut, plus il est grave d’y aller. Les bras de milliers d’êtres se tendent vers celui qui veut tenter de telles réalisations et s’ils se baissent, découragés, c’est une catastrophe. Il faut avoir la foi. La foi de l’initié, c’est une force qui agit dans son propre sens.

La foi que le Christ demande, c’est une absurdité divine, c’est une force qui cherche à se tuer elle-même et qui, à la faveur de ce suicide, se recrée elle-même sans cesse. La volonté c’est une force de la Nature et, avec la volonté, nous n’atteindrons jamais fussions-nous grands comme Bouddha que la nature. Pour atteindre la sur-nature, il faut transmuer la volonté en foi. C’est pourquoi le Christ a dit: Tout ce que vous demanderez en mon nom vous sera accordé.

Il y a une méthode pour arriver à cette transmutation intérieure. Celui qui l’a le mieux décrite, c’est saint Jean de la Croix. Il dit: je voudrais que ces préceptes se burinent dans vos coeurs; – pour posséder tout, veuillez ne posséder rien; pour atteindre ce que vous ne possédez pas, traversez tout ce que vous possédez, ou désirez posséder. Et il envoie ensuite ses lecteurs à ce qui coûte le plus, au désir de ne rien vouloir, de rechercher le pire, de rechercher la pauvreté absolue d’Esprit.

Telle est la montée du Carmel mystique. Et le Christ indique toujours la foi comme condition à l’accomplissement du miracle, non pas parce que si le malade n’avait pas cru Il n’aurait pas pu le guérir, mais parce qu’alors Il aurait blessé l’âme de cet incrédule.

Vous voyez combien le miracle déroge, suivant l’excellente définition du catéchisme, aux lois de la Nature, combien Surnaturel est le possible de la seule foi.

Quel est maintenant le moyen du miracle?

C’est la prière, la prière soutenue par la pratique de la charité. C’est proprement l’intercession d’un pécheur pour un autre pécheur; mais le second est un pécheur qui se croit un saint, tandis que le premier est un pécheur qui se sait un pécheur. Celui qui intercède ainsi n’a pas toute la foi (personne n’a toute la foi), Mais ce qu’il a suffit à transmuer sa prière. Notre prière est terrestre, craintive, timorée, ignorante; la prière de l’intercession est autorisée, victorieuse par avance, elle se lève en vertu d’une promesse antérieure, elle devient une fonction.

Si vous sentez en vous quelle grande chose c’est que cette prière, précipitez-vous y, jetez-vous dans les abîmes, élevez-vous dans les hauteurs, perdez-vous en Dieu. Pour la charité il faut du discernement; pour la prière il n’en faut pas. Priez pour ceux qui vous le demandent, priez pour ceux qui ne vous le demandent pas, priez pour ceux qui vous ignorent, réalisez pour eux la parole du Maître: forcez-les d’entrer.

Et, pour prier mieux, exercez-vous à la compassion; dépouillez votre piété de personnalisme. Plaignez le malheureux pour lui-même et non pour ce en quoi sa souffrance le fait souffrir.

Si vous n’avez pas ce coup de fouet de la compassion, votre prière restera stérile. Si le temps vous manque, ne priez qu’une minute par jour, mais occupez les 23 h 59 mn qui restent à préparer votre prière, car c’est une chose terrible que de se faire obéir par Dieu et à cette obéissance Dieu se soumet pour ceux dont le coeur est pur et qui ignorent leur pureté de coeur.

Un thaumaturge vrai s’égale à zéro; un thaumaturge faux s’égale à ces grandeurs qui sont inférieures à zéro. C’est pourquoi l’Église a été prudente pour les procès de canonisation dans les considérations des miracles; elle s’occupe d’abord de savoir si le candidat a eu des vertus héroïques, le reste est pour elle secondaire.

Si ces horizons entr’aperçus vous donnent le désir de les atteindre un jour, rappelez-vous que vous y atteindrez le jour où vous serez persuadés que vous êtes à jamais indignes d’y atteindre.

Dieu regardant ce monde Se choisit des confidents. Il leur montre les êtres, les canaux par où passent les forces par lesquelles les êtres se développent. Et ce confident de Dieu qu’à cause de son humilité Dieu admet dans Ses conseils s’étonne de voir l’injustice régner sur la terre, l’injustice de l’Amour, il s’étonne de voir que les souffrances, les catastrophes qui font gémir les hommes, n’équivalent pas à la centième partie de ce qu’ils auraient à souffrir. Et il adore Dieu et il se prosterne, et son désir suprême est de devenir un de Ses ministres, et c’est pour cela que le Père fait ensuite de lui un de Ses soldats.

Ces soldats de la Lumière ne connaissent pas les plans de leur général qui est le Christ; ils ont à chaque minute à se décider, à parer à l’imprévu, à montrer qu’ils ne se soutiennent que par la bonté de Dieu. Et c’est à cause de ce vide où ils vivent que rien ne leur fait peur. Pour eux est la promesse: Ceux qui ont quitté pour moi un père, une mère, des pères, des soeurs, des maisons, des terres en recevront le centuple dans le siècle présent avec des persécutions.

Mais ce qui est étonnant, c’est la reddition de ces comptes dans le siècle présent. En effet, le soldat qui a le sentiment de la présence permanente de son Maître, il a les joies des rencontres imprévues avec ses frères d’armes, de l’aide des anges que le Ciel envoie vers lui; il a une paix profonde, car il sait qu’il habite une demeure de la maison du Père, il a la certitude, l’avenir, car il sait que le soleil éternel fait mûrir ses moissons.

Ainsi, à l’inverse du juste ordinaire qui sait qu’il est un homme de Dieu et qui reçoit sa récompense immédiatement, lui refuse ses récompenses, il les déverse sur les autres et il passe dans tous les mondes par des agonies et des morts successives jusqu’à ce que se lève l’aurore éternelle, jusqu’à ce que, devenu libre par le baptême de l’Esprit, il soit appelé frère du Christ.

Là seulement commence le domaine du miracle. Le reste, ce ne sont que les paysages de plus en plus enchanteurs que nous avons à parcourir avant d’arriver au pays de la Lumière. Je serais heureux si j’avais pu vous donner la nostalgie de ces hauteurs.

SÉDIR

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